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22 juin 2014 7 22 /06 /juin /2014 23:10

    Du 27 avril au 4 mai 2014


Nous savons que nous n’aurons pas le temps de visiter le sublime pantanal au Brésil, mais beaucoup nous ont dit que les Esteros del Ibera en Argentine y ressemblaient pas mal en plus petit.

Nous faisons donc le crochet depuis Mercedes pour aller voir cette réserve naturelle. C’est une zone humide et marécageuse de 300km sur 50km formée par l’ancien cours du Rio Parana (2ème fleuve d’Amérique du sud après l’Amazone). Sa superficie fait 13000km2, ce qui en fait la 2èmeau monde après le pantanal brésilien justement. Les Esteros rassemblent 7 immenses lagunes, seule la pluie alimente ces marais, qui ne sont irrigués par aucun fleuve, une caractéristique qui les protège de la pollution, l’eau est quasiment stagnante mais la végétation agit comme un filtre et contribue à renouveler l’oxygène. Ce paradis est pour l’instant peu menacé par le tourisme de masse car les pistes pour y accéder sont longues et en mauvaise état et la construction d’hôtel est très limitée.

On peut y observer de nombreux mammifères et reptiles : caïman, capybara (carpincho en espagnol), c’est une star dans la réserve car c’est le plus grand rongeur du monde (135cm de longueur et 65 kg), totalement inoffensif. On peut voir aussi renard, cerf des marais, boa (anaconda argentin), gazelle, singe hurleur, tatou, loutre, loup à crinière, opposums… Les oiseaux constituent l’une des principales richesses des Esteros car il y a plusieurs centaines d’espèces : pivert, martin-pêcheurs, colibri, perroquet, vautour, cormoran, des échassiers (aigrette, spatule blanche, jabiru d’amérique, courlan brun, chauna à collier, canards de toute sorte…). Quant à la flore, au printemps des milliers de fleurs éclosent sur les eaux des lagunes, les îlots végétaux et les abords des marais, des nénuphars aux fleurs multicolores, sans oublier le palmier régional.

12 Esteros Del Ibera

Voilà donc ce qui nous attend, même si la saison n’est plus aussi propice que celle du printemps, nous sommes motivés pour parcourir les 120 km depuis Mercedes, dont 70 km de piste de terre. On est un peu inquiet en voyant l’état de la piste car s’il pleut, elle devient impraticable. En attendant, il fait plutôt très chaud et on met 3h30 pour arriver à Carlos Pelligrini, village minuscule au pied de la laguna Ibera. Nous avons profité des paysages et surtout des nombreux animaux aperçus sur notre passage (tortues, oiseaux en tout genre, cerf, capybara, canards, échaciers…), ainsi que du coucher du soleil sur les Esteros. On bivouaque sauvage au bord de la lagune, on mange et on se couche.

12 Esteros Del Ibera1

Au petit matin, il se met à pleuvoir, on est dégouté, surtout que ça fait plusieurs semaines qu’il n’a pas plu ici ! On file au centre d’informations tenu par les guardaparques. On visite le petit musée de comporte de très belles photos de la réserve et prenons des renseignements sur les petites balades à faire autour de la lagune. On croise un chat sauvage des montagnes, attention à ne pas confondre avec un simple chat domestique.

nord-est-argentin 0998

12 Esteros Del Ibera2

Il continue de pleuvoir de plus en plus, les gens nous disent qu’ici le temps est imprévisible et changeant, il faut attendre. On fait école puis allons au camping du village en bordure de lagune. Il est extrêmement bien placé, le cadre est très beau, il y a des douches chaudes, de l’eau, électricité et abri avec table et barbecue. On négocie le prix, c’est ok.

12 Esteros Del Ibera6

Les enfants partent pêcher malgré la pluie, Théo ramène un petit piranha. J’allume le pc pour faire le blog et je m’aperçois que l’écran reste noir, notre seul ordi vient de rendre l’âme, ce qui veut dire plus de films, de stockage de photos, internet, et tout les programmes qui nous permettaient de programmer nos itinéraires et nos bivouacs. Sacré coup au moral !

Je me mets à faire des crêpes pour m’occuper. Pierre discute avec un couple d’espagnol voyageant dans le sud du continent. L’après-midi se passe tranquillement, toujours sous la pluie.

Le lendemain, elle a cessé mais le camping est complètement boueux. On part faire une balade sur les sentiers autour de la lagune. D’abord celui des monos dans une petite forêt où on est censé voir des singes hurleurs mais à part un cerf des marais, on ne voit pas grand-chose.

12 Esteros Del Ibera3

Nous marchons ensuite sur une passerelle aménagée qui longe la lagune, on voit des capybaras, cerfs des marais, oiseaux, canards, papillons, des caïmans et surtout un nid avec plusieurs petits croco sous l’œil de leur mère.

12 Esteros Del Ibera4

12 Esteros Del Ibera5-001

Après le repas, nous craignons qu’il pleuve à nouveau rendant la piste du retour trop difficile et décidons de repartir. Il est 13h30 et on ne se doute pas de la galère qui nous attend. On croise d'abord un troupeau de vache mené par des gauchos, puis la piste devient catastrophique, c’est de la boue glaireuse avec des sillons profonds qu’il ne faut pas quitter sous peine de s’embourber. Impossible donc de faire demi-tour une fois lancé dessus.

Le camping-car avance mais peine à garder sa trajectoire, il glisse de droite à gauche. La pluie revient légèrement.

12 Esteros Del Ibera7

A 16h30, on rencontre une voiture embourbée face à nous, cela nous oblige à ralentir et changer de trajectoire, on quitte les sillons et on s’enlise à notre tour. On a fait à peine 35km, autrement dit la moitié, on est coincé là au milieu de rien, on commence à s’inquiéter. Les cales de désensablement ne donne aucun résultats on avance pas du tout. Pierre est pieds nus dans la boue, elle colle et ne s’enlève pas si facilement. Un 4x4 arrive enfin, et les véhicules sont peu fréquents sur cette route surtout quand il pleut, il s’arrête. C’est un groupe très sympa de gauchos habitués à sortir des véhicules de cette situation, ils sont donc bien équipés (sangles, crochets,…). Ils nous sortent de là et nous replacent sur la piste dans les traces. On les remercie grandement et continuons pendant environ 20 kms (soit 2h de conduite dans une extrême concentration). On s’embourbe à nouveau, il est 19h et nous sommes moralement épuisés. Les plaques ne nous aide pas ici non plus. La nuit est tombée, plus personne ne passe, on décide de rester planté là, en plein milieu de la piste. Il reste 15km, on verra demain…

Je prépare des pizzas avant de nous coucher. La nuit sera hyper calme, nous sommes au milieu de rien, il ne pleut plus.

Après le petit déjeuner, Pierre analyse la situation, pas grand-chose à faire à part attendre le passage d’un 4x4. Le premier arrive enfin, mais ne peut pas nous aider. Au bout d’un moment un second arrive, ce sont 2 femmes, elles acceptent de tenter de nous aider. On sort notre sangle, je me mets au volant et Pierre pousse, ça fonctionne, on sort mais la sangle lâche rapidement, on retente le coup et avançons chaque fois de 1 ou 2 mètres avant que la sangle ne relâche. On fait plusieurs manœuvres jusqu’à ce que je sente qu’on est bien sorti de ce bourbier et reparti sur les rails.

On ne sait pas comment remercier les filles qui viennent de passer une demi-heure à nous sortir de la galère. On reprend la route, je reste au volant pendant un petit moment. On continue les 15kms restants à une vitesse constante de 10-15 km/h, sans freiner, sans accélérer, sans dévier de trajectoire, dans les traces principales au milieu de la piste, et ça passe ! Après 1h30 de crispations, nous voilà sur le goudron, on pleure presque de joie et de soulagement. Encore 50km avant d’arriver à Mercedes. Le camping-car est sale, le châssis rempli de boue, les freins aussi car ils ne fonctionnent pas très bien.

En 2 ans de voyage, c’est un peu normal de vivre des galères, nous relativisons, ça aurait pu être pire, il n’y a pas eu de problème mécanique.

On fait quelques courses, on mange et reprenons la route en direction de Posadas, par la ruta 12, plus belle que la 14. On traverse de beaux paysages de marais, longeant maintenant la réserve sur son versant ouest. Les chevaux et les vaches pataugent dans les marécages.

On bivouaque vers 19h dans le village de San Miguel, dans une petite rue. C’est là qu’on fait connaissance avec Monica qui habite en face avec ses 3 enfants. On lui offre quelques jouets, discutons un peu puis allons nous coucher.

17 en route vers Posadas

Le lendemain, avant de partir, Monica nous offre des oranges et des avocats de son jardin. On démarre vers 10h et sommes maintenant côté nord de la réserve.

A 14h, nous arrivons dans la ville de Posadas, capitale de la province de Misiones séparée de Encarnacion, sa voisine paraguayenne, par le Rio Parana. Le pont San Roque Gonzales de Santa Cruz enjambe le Parana sur 2550m et relie les 2 villes. Nous parcourons la belle costanera longeant le fameux fleuve. C’est bien aménagé puisqu’on trouve de nombreuses aires de jeux pour enfants, une piste pour joggers et cyclistes, une petite plage, un skatepark, ect.

On se pose donc là car les enfants ont envie de pêcher.  Pierre se met à décraser le cc. Je tente d’allumer l’ordi qui, par je ne sais quel miracle, fonctionne ! J’en profite pour faire les dernières sauvegardes de photos sur disque dur.

17 en route vers Posadas1

Le soir on admire le coucher de soleil faisant une belle lumière sur la ville.

On quitte la ville le lendemain matin, on fait quelques courses et allons à une station service pour avoir internet. On skype pas mal de monde, la journée se passe et vu que nous sommes bien installés, on décide de rester là pour la nuit.

On repart le lendemain et approchons des missions jésuites. L’étroite province de Misiones, qui pointe comme un doigt au nord-est entre le Brésil et le Paraguay, doit son nom de ces fameuses missions qui s’installèrent dans la région et dont les ruines constituent une attraction majeure.

Misiones se distinguent par la beauté de se paysages : un tracé vallonné à travers des collines, des bosquets, des bambous, des vergers de papayes ou de maniocs. La route longe les plantations de thé et de maté (principal producteur du pays), qui pousse sur le sol rouge typique de la région.

Les missions jésuites (voir le magnifique film avec Robert De Niro et Jeremy Irons) se sont développées en 1 siècle, 30 missions ont été créées rassemblant plus de 100000 indigènes (guaranis) et transformant en profondeur la physionomie économique et sociale de la région.

Nous ne visiterons malheureusement aucune d’entre elles, beaucoup trop chères pour nous, même les enfants payent le prix fort. Après donc un passage à San Ignacio, village qui possède la mission la mieux conservée du pays, nous repartons en direction de Puerto Iguazu.

18 de San Ignacio à Iguazu

Il fait vraiment très chaud et humide. On fait une halte dans le village de Montecarlo, capitale de l’orchidée,  où l’on visite un petit aquarium.

18 de San Ignacio à Iguazu1

On s’arrête un fois de plus le soir sur une station service.

Le lendemain, nous nous rendons à Wanda. Cette petite ville est connue pour ses nombreuses mines d’améthyste. En effet, son sous-sol volcanique regorge de pierres précieuses (améthyste, aigue-marine, topaze, cristaux…). C’est une zone située sur une faille géologique traversant le Paraguay, l’Argentine et le Brésil.

18 de San Ignacio à Iguazu2

La visite commence étrangement par un parcours expliquant les croyances des indiens guaranis, sur le sol on voit déjà pleins de petits bout de pierre, en grattant un peu on peut en ramasser des pas mal, incroyable, ça pousse partout ces gemmes.

18 de San Ignacio à Iguazu3

Puis nous assistons à la projection d’un film sur la création (très bien fait). Ensuite, nous passons dans une pièce regroupant une très belle collection de pierres précieuses. Enfin, accompagnés d’un guide parlant français (césar), nous découvrons la mine et apprenons comment les géodes sont extraites.  On en voit de nombreuses sortants de la roche de la mine et même des pierres en forme d’ailes d’ange. Les géodes sont en fait des bulles de lave dans lesquelles naissent les gemmes.

18 de San Ignacio à Iguazu4

18 de San Ignacio à Iguazu5

Après la visite, le parcours se termine bien évidemment dans la boutique. Nous mangeons sur le parking, puis passons un bon moment à ramasser des petites pierres autour de nous. En grattant, on en trouve de très belles.

18 de San Ignacio à Iguazu6

Dans l’après-midi, nous arrivons à Puerto Iguazu, nous sommes proche des chutes d’Iguazu côté argentin. Nous allons nous garer le long de la costera près du « Hito Tres Fronteras », c’est ici que l’on peut voir en un seul coup d’œil 3 pays et 2 fleuves : Paraguay à droite, Brésil en face et l’Argentine où nous nous trouvons, à nos pieds le Rio Iguazu et le Rio Parana côté Paraguay. On se balade un peu. Sur place, un monolithe célèbre l’amitié entre les 3 pays, au milieu des stands de souvenirs.  On fait connaissance avec un couple de mexicains voyageant dans le continent et vendant des macramés. On bivouaque ensuite près de la place, sur un petit parking face à l’église et une école. Demain, grand jour, nous allons visiter les mythiques cataras.

19 Puerto Iguazu et les chutes

nord-est-argentin 1390

map esteros - missiones

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commentaires

V
Bravo ! Votre blog est l'un des meilleurs que j'ai vu !
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V
Bravo pour le blog et vos articles.
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N
"Théo ramène un petit piranha""vous voyez des crocodiles" , vous êtes plus fort qu'indiana jones .<br /> Bisous à vous tous.
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R
Bonjour mes grands et formidables voyageurs!!! les photos toujours superbes et de plus en plus surprenantes vers le sud du continent.
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